Les moutons, heureux compagnons des alpages

Des animaux résistants aux conditions extrêmes

Les moutons vivant en montagne doivent faire face à des conditions climatiques rudes : froid, vent, précipitations et relief escarpé. Pour s’adapter, certaines races ont développé une toison épaisse qui les protège du froid et de l’humidité. Parmi les races les plus adaptées aux alpages, on trouve la bizet dans le Massif Central, la Thône et Martod en Haute-Savoie, ou encore la Manech des Pyrénées. Ces races sont réputées pour leur rusticité et leur capacité à parcourir de longues distances en quête de nourriture.

Une race emblématique des Alpes suisses est le mouton à nez noir de Zermatt. Reconnaissable à son museau et à ses pattes noires contrastant avec sa laine blanche épaisse, il est apprécié pour son tempérament docile et sociable. Il est souvent mis en avant lors d’événements folkloriques en Suisse. Et pour l’anecdote, l’autrice de cet article l’a rebaptisé « le mouton Chanel ».

La transhumance : un rituel séculaire

Chaque année, les moutons sont conduits en altitude durant l’été pour bénéficier de pâturages riches et éviter les fortes chaleurs des vallées. C’est la transhumance, une pratique qui remonte à l’Antiquité et qui demeure essentielle pour l’élevage extensif. Ce déplacement saisonnier permet de préserver les terres des vallées tout en maintenant un équilibre naturel sur les pâturages d’altitude.

Les troupeaux montent en alpage en juin et redescendent en septembre ou octobre, selon les conditions climatiques. Cette migration est souvent célébrée dans plusieurs régions par des fêtes traditionnelles où bergers, éleveurs et habitants se rassemblent pour perpétuer ce savoir-faire ancestral..

Un rôle écologique essentiel

En broutant l’herbe et en entretenant les pâturages, des montagnes sèches de préférence, les moutons contribuent à leur préservation. Ils limitent l’embroussaillement et réduisent le risque d’incendies, tout en favorisant la biodiversité. Grâce à eux, de nombreuses espèces de plantes et d’insectes prospèrent dans ces milieux ouverts. Les moutons participent aussi à l’équilibre écologique en évitant la prolifération de certaines plantes envahissantes. Cependant, leur présence doit être gérée avec précaution afin d’éviter le surpâturage, qui pourrait appauvrir les sols et nuire à la faune locale.

La protection contre les prédateurs

Le retour des prédateurs naturels, comme le loup, a bouleversé l’élevage en montagne. Pour protéger les troupeaux, les bergers emploient plusieurs stratégies : • L’utilisation de chiens de protection comme le Patou des Pyrénées, qui veille sur les moutons jour et nuit. • La surveillance accrue par les bergers, qui restent en alpage tout l’été. • La mise en place de parcs de nuit sécurisés. Ces mesures permettent de limiter les pertes, mais elles demandent un effort considérable de la part des éleveurs, qui doivent s’adapter à ces nouveaux défis.

Des produits d’exception issus de l’alpage

Les moutons en montagne ne sont pas seulement des acteurs de l’écosystème ; ils sont aussi à l’origine de produits de grande qualité. La laine, bien que moins exploitée qu’autrefois, reste un matériau naturel prisé. La viande d’agneau de montagne, quant à elle, est réputée pour sa finesse et son goût unique, lié à la diversité des plantes consommées en altitude. Enfin, certains fromages traditionnels, comme le Roquefort ou l’Ossau-Iraty, sont fabriqués à partir du lait de brebis élevé en montagne, perpétuant ainsi une tradition gastronomique ancestrale.

Le saviez-vous ?

• Dans un troupeau, il y a beaucoup plus de femelles que de mâles, raison pour laquelle on parle souvent de troupeaux de brebis.

• Une brebis vit environ 10 ans et donne naissance chaque année à un ou deux (rarement trois) agneaux.

• Un mouton a besoin de 8 kg d’herbe par jour et peut manger plus de 130 sortes de plantes.

• Par jour, une brebis boit entre 1 et 4 litres d’eau et donne 1 litre de lait.
• Elle peut reconnaître jusqu’à 30 visages différents et comprendre les expressions.

• Le troupeau est mené par la plus vielle brebis.